L’article est daté du 21 octobre 2016 et tiré d’un blog de Mediapart, le journal en ligne d’Edwy Plenel. Il consacre la domination d’Égalité & Réconciliation sur tous les autres sites politiques français, qu’ils soient de droite ou de gauche, dissidents, contestataires ou officiels. Le tableau suivant est un classement des 30 premiers sites d’information politique :
Soulignons l’honnêteté des auteurs de ce travail, malgré l’erreur (volontairement) insistante qui consiste à placer E&R dans les sites dits « d’extrême droite », ainsi que le lapsus « réconciation » qui flirte avec « renonciation ». Il ne faut pas confondre le diptyque « gauche du travail droite des valeurs » avec l’idéologie d’extrême droite, d’influence sioniste, qui est aujourd’hui incarnée et assumée par l’axe Ménard-Zemmour-Sarkozy.
L’article qui suit montre comment l’outil de calcul a été élaboré, sur la base d’une fréquentation quantitative, et qualitative. Un classement final dont on imagine qu’il ne sera pas repris par la grande presse. Qu’on songe seulement que les sites de l’Assemblée nationale et du Sénat, en valeur cumulée, font quatre fois moins que le seul Égalité & Réconciliation, qui ne bénéficie ni de la publicité, ni des subventions du Système.
La conclusion de l’étude est savoureuse :
Quoi qu’il en soit, ces données confirment que sur le net, la gauche a perdu le combat pour la direction idéologique et culturelle. Gramsci doit se retourner dans sa tombe d’avoir été ainsi mieux compris à l’extrême droite qu’à gauche. Hors du FN, une multitude de sites s’active dont nombre ne se soucient pas d’être diabolisés…
Les trente sites politiques français ayant le plus d’audience sur le Web
Journalistes, chercheurs et acteurs utilisent de plus le nombre de likes ou de followers pour rendre compte de l’audience politique d’un mouvement ou d’un candidat. Les données d’audience des sites web pour rendre compte de certaines évolutions socio-politiques sont cependant moins mobilisées. Pourtant des données sont disponibles et intéressantes.
[...] la compilation, depuis juin 2016, des données d’audience sur plus de 200 sites socio-politiques et d’information en utilisant un des outils disponibles, Alexa, fournit une moisson de chiffres qui constitue une petite base de données riche d’informations. Ces mesures d’audience représentent un thermomètre très sensible aux variations du climat politique et social. Toutes proportions gardées, cette base de données constitue une sorte de Baromètre du Web, ébauche d’un observatoire des audiences des sites socio-politique du Web. Nous nous concentrons ici sur quelques résultats, renvoyant pour la dimension méthodologique à un billet publié précédemment sur un autre blog.
Ébauche et test d’une petite banque de données
Notre petite banque de données repose actuellement sur le suivi de l’audience d’environ 175 sites en France et de 30 sites politiques étrangers. L’échantillon des sites français est constitué, d’une part, de près de 68 sites de médias d’information générale ou politique aussi bien presse écrite, radio-télévision, médias en ligne, médias de la gauche comme de la droite radicale compris, d’autre part, de plus de 107 sites d’organisations (partis, associations, sites politiques divers, organisations syndicales et patronales) et d’institutions socio-politiques, complétés par une quinzaine de sites de personnalités politiques.
Le suivi des médias est intéressant à un double titre. D’une part, il existe des données d’audience sur les médias qui permettent de valider la mesure d’audience Alexa utilisée dans notre base de données, d’autre part, l’évolution du classement de certains sites de médias peut être rapprochée de l’évolution des opinions politiques.
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Le classement est relativement stable dans le temps. Il confirme tout d’abord le très bon classement des sites d’extrême droite. Sur les dix premiers sites politiques, 7 appartiennent à l’extrême droite. Seuls les sites institutionnels du Sénat et de l’Assemblée nationale s’insèrent dans ce top ten, dans un ordre qui ne reflète d’ailleurs pas leur importance relative dans le processus de décision législative. Primaire2016.org, le site de la primaire de la droite et du centre, occupe la dixième place et témoigne de l’intérêt populaire pour cette primaire.
Égalité & Réconciliation est le premier site politique français, et obtient 8,1 millions de visites mensuelles. Pour illustrer la bonne performance du site Égalité & Réconciliation, on peut observer, par exemple que le site d’Alain Soral est mieux classé que celui de Mediapart, qui dans les données d’Alexa occupe le 317e rang.
Autre exemple, le site d’ATTAC est au 31 631e rang. Fdesouche arrive en deuxième position avec 4,5 millions de visites. Le Front national est au douzième rang, et constitue, et de loin, le premier des sites des partis politiques.
Lire l’étude complète sur blogs.mediapart.fr
Alors que certains médias tentent de minimiser ce classement,
Mediapart confirme en donnant des précisions méthodologiques
Selon Le Monde la méthodologie du classement de l’audience des sites politiques publié dans notre billet précédent le 21 octobre est contestable, car Alexa « a tendance à mésestimer les audiences des sites non anglophones ». Une affirmation non documentée reprise par d’autres médias. Voici quelques explications méthodologiques.
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Je ne sais sur quelles données repose cette affirmation, mais voici quelques explications méthodologiques sur les raisons qui autorisent à considérer ce classement comme une mesure plutôt vraisemblable de l’audience des sites politiques français et à prendre au sérieux les atouts de l’extrême droite dans la bataille culturelle et idéologique en cours.
La « Webanalytics » désigne l’analyse d’audience (mesurer, collecter, présenter, étudier) d’un site. La Webanalytics des sites d’entreprises est un secteur économique assez florissant, en lien étroit avec le rôle économique croissant du Net pour les entreprises, et notamment le boom du e-commerce. Elle donne lieu à une littérature spécifique comme par exemple l’ouvrage d’Olivier Meyer (2016). À des fins d’analyse sociopolitique, la Webanalytics demeure cependant assez balbutiante malgré un intérêt affirmé des sciences sociales pour les réseaux sociaux et les big data. Quand on évoque l’audience de certains sites Internet, on cite le plus souvent des chiffres de l’audience « revendiquée », mais on ne mobilise guère des données de mesure indépendantes. Les datas mobilisés par les journalistes et les chercheurs concernent les plus souvent les likes et les followers sur les réseaux sociaux (Herrman John, 2016). Pourtant les outils d’analyse de la Webanalytics sont disponibles et méritent d’être examinés.
La mesure d’audience des sites médias fournit une première source de données. Produites pour des raisons économiques, ces données peuvent être mobilisées pour l’analyse de l’opinion, d’autant plus qu’on dispose pour les médias d’une base de données dont la fiabilité est avérée. Ainsi, l’APCM (alliance pour les chiffres de la presse et des médias) publie mensuellement des données sur la fréquentation de 186 Sites Fixes et Mobiles Grand Public (essentiellement des sites médias) ainsi que celle de 50 Sites Internet & Mobiles Professionnels. Mais cette mesure n’intègre pas nombre de sites médias, soit parce que non français soit parce que n’entrant pas dans les classements faute d’audience jugée suffisante, et surtout laisse hors champ les sites politiques institutionnels et organisationnels.
Pourtant, des mesures de fréquentation des sites internet sont disponibles à une plus grande échelle, pour les médias comme pour les organisations sociales et politiques. Il existe ainsi des mesures assez précises et régulières (quotidiennes dans certains cas) sur la fréquentation des sites d’organisations, institutions et personnalités sociopolitiques ainsi que des sites des médias d’informations n’entrant pas dans le panel de l’APCM. Certes ces données, mesurées par plusieurs outils différents, ne sont pas toujours faciles d’accès et au-delà d’un usage limité, payantes. Mais, notamment en période préélectorale, comme celle que nous vivons, ces données complètent avantageusement les sondages et autres analyses préélectorales. Leur contenu d’information dépasse largement l’intérêt des données de Google trends évoqués régulièrement dans les médias. Cette audience des sites Web permet notamment de saisir certaines évolutions socio-politiques, de façon assez fine et quasi instantanée après un événement politique (attentat, démission, déclaration de candidature…) ou dans la durée pluri-mensuelle ou pluriannuelle. Elle livre également certaines informations méconnues, comme par exemple, l’importance de l’audience des sites d’extrême droite en France.
Lire l’intégralité de l’article sur blogs.mediapart.fr
Les analyses qui ont fait le succès du site E&R sont sur Kontre Kulture